Faimana, par les femmes pour les femmes

Faimana, par les femmes pour les femmes

Jamais cette rubrique “Initiative au féminin”, n’aura si bien porté son nom. Car voici l’histoire de deux femmes, de surcroît une mère et sa fille, qui ont créé leur entreprise il y a quatre ans, au cœur d’un sujet exclusivement féminin.

Le sujet n’est pas nouveau, mais a refait surface il y a une petite décennie avec la libération de la parole et des tabous. Où l’on parle désormais librement des protections menstruelles.
C’est l’histoire de Nadège et de sa fille Manon, qui ont développé au sortir du COVID, la confection de culottes menstruelles en matières naturelles et biologiques, sans additif. « Durant la pandémie, explique Nadège, je m’étais mise au service de ma commune, la Ferté Beauharnais, pour la confection de masques en tissu. Lorsqu’on n’en a plus eu besoin, l’idée nous est venue de développer, avec Manon, des culottes dans une logique d’hygiène, de sécurité et de bien-être. Ainsi naissait Faimana ».

Retour aux valeurs sûres

Voilà qu’on allait nous refaire le coup du tramway, un temps disparu puis revenu. Souvenons-nous en effet que les premières serviettes hygiéniques sont apparues dans les années 60, et les tampons dix ans plus tard. Comment faisait-on avant ? Et bien les femmes utilisaient des culottes lavables. « Sauf qu’à l’époque, insiste Nadège, nous n’avions pas de machine à laver ». Alors voilà qu’après avoir mis les culottes lavables au rebut, elles font un retour remarqué. Question de génération sans doute : marre des produits chimiques incontrôlés et des doutes persistants pour la santé. Les industriels l’ont bien compris et ont fait leur entrée dans les rayons des grandes surfaces, mais avec des produits made In China ou Turkey.
« Pas de ça chez nous expliquent en cœur, Manon et Nadège, les tissus et la couturière sont bien français » !

Complicité familiale

À 67 ans, Nadège est retraitée de la couture et du stylisme, où elle fut tour à tour couturière, cheffe d’atelier et même dirigeante d’entreprise, lorsqu’elle reprit avec quelques autres, trois ateliers de chemiserie en Loir-et-Cher dans les années 90. Sa fille Manon, elle, fit deux années de médecine à Tours, avant de choisir d’être kiné pour tout compte fait, s’épanouir dans l’informatique. Avant la pandémie, elle avait créé son agence de développement web, activité qu’elle poursuit aujourd’hui, et qu’elle met bien sûr au service de Faimana.
Avec de tels atouts dans la manche, la mère et la fille avaient donc toutes les chances de mener à bien leur projet d’entreprise. Diversité des imprimés, naturel des matières, un site web élégant, des modèles de fermeture déposés à l’INPI et un e-commerce particulièrement efficace, le compte est bon.

« On savait où l’on voulait aller, et l’on a eu un ou deux coups de pouce du destin. Comme ce concours remporté à la demande de la FRAPS Centre-Val de Loire, (qui mène les projets de l’ARS en matière de santé publique) et qui a commandé 1300 culottes menstruelles, distribuées dans les lycées de la région. « Aujourd’hui, le Gouvernement nous demande notre avis quant à l’élaboration du projet de loi sur la précarité menstruelle », se réjouit Manon. Très certainement faut-il y voir le signe que la mère et la fille œuvrent dans la bonne direction.

Stéphane de Laage