
Potier prodige, sculpteur monumental, musicien expérimental, homme d’affaires, châtelain restaurateur… À 87 ans, Guy Baudat a mené mille vies, toutes dictées par l’instinct et une audace rare.
Dans le Bas Berry, il est une figure presque mythique, propriétaire du château de Châteaubrun, forteresse qu’il a restaurée « par amour pour ce dinosaure », coiffant au poteau François Mitterrand lui-même.
Dans les bois de sa demeure, ses sculptures monumentales en bronze ou granit habitent les lieux : formes figuratives ou conceptuelles, comme ces zéros de pierre s’enfonçant dans le sol jusqu’à l’infini. Lors des Journées du Patrimoine, il ouvre son domaine, guidant la visite avec une verve généreuse.
Mais qui se souvient que Baudat fut un enfant potier surdoué ? Dès 4 ans, il modèle l’argile, rejoignant sans le savoir la plus ancienne lignée de potiers de France, à Bazaiges. Trimballé par son père sur les foires, il fascine le public par sa vitesse et sa dextérité, tournant la terre avec ses seuls doigts. Devenu adulte, il réalise des poteries sculpturales de grande taille, dans lesquelles il aime se lover.

Musicien hors de portée
Issu d’une famille de musiciens, il s’initie au jazz, devient saxophoniste, puis rompt avec la musique traditionnelle pour créer, dans les années 1970, un auditorium à Dampierre, dédié à l’expérimentation sonore. Il y conçoit des instruments démesurés qui prolongent le corps humain et se jouent nus, dans une chorégraphie de sons et de gestes. « J’ai fait un 33 tours chez Pathé Marconi, enregistré à Hérouville dans des conditions rocambolesques, mes instruments, trop grands, ne passant pas les portes du studio », s’amuse Guy Baudat.
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Raphaelle Joubert