Savoir écouter, et tenir la distance

Savoir écouter, et tenir la distance : SOS amitié

Écoutante pour SOS Amitié à Orléans, Cecile évoque ces appels que reçoit l’association, en lien avec la vie professionnelle.
Ancien cadre RH, elle invite les managers à orienter vers d’autres, les écoutes les plus difficiles de collaborateurs, et à “s’écouter” eux-mêmes pour garder le recul nécessaire à l’accompagnement de leurs équipes.

Vous sortez d’une plage d’écoute de plusieurs heures pour SOS Amitié Centre. Qu’en retenez- vous ?
Cécile : Ce qui me frappe, c’est la proportion croissante de jeunes de moins de 25 ans, parfois même de 10 à 15 ans, qui nous appellent. Ils sont perdus et envahis de questions.

Vous avez travaillé dans les ressources humaines. Le “monde du travail” appelle-t-il SOS Amitié ?
Cécile : Le besoin d’écoute est immense. En 2024, 10% seulement des appels portaient sur le “sujet” du travail. Cela montre que le salarié en souffrance trouve autour de lui à qui parler, un collègue, quelqu’un aux RH, un manager ou un syndicaliste, pourquoi pas son médecin. Tant mieux, SOS Amitié n’intervient que comme une écoute en second rideau. Entre 25 et 30% de nos appelants disent travailler, et quand ils nous parlent d’angoisses, de difficultés familiales ou de santé, ils nous disent aussi comment ces difficultés “parasitent” leur vie professionnelle.

Vous écoutez depuis 8 ans. Que dire aux managers qui encadrent des équipes et les écoutent quotidiennement ?
Cécile : Comme eux, nous sommes confrontés à des gens en souffrance. Nous entendons des inquiétudes de salariés en lien avec des sujets d’insertion, d’orientation, de harcèlement, de conflit ou de sécurité d’emploi. Les appelants nous disent indirectement qu’ils ont besoin d’être mieux écoutés qu’à leur travail, pour trouver une solution.
A SOS Amitié, on les accompagne anonymement pour qu’ils expriment sereinement leurs préoccupations. Mais le salarié nous dit ce qu’il veut et nous le croyons sur parole ; raison pour laquelle d’ailleurs, nous ne leur donnons pas de conseil.
Les salariés en souffrance peuvent aussi s’enfermer dans une bulle, et il est difficile de rester zen face à cela.

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Une antenne créée à Blois

Installée depuis 1972, Sos Amitié Centre, qui compte 32 écoutants à Orléans, a créé une antenne à Blois en septembre 2024, composée de 8 écoutants. L’an dernier ces 40 bénévoles ont écouté 5.200 heures. Mais faute d’effectifs, n’ont pu prendre tous les appels.

Bruno Leprat