Un dispositif inédit de détection des feux de forêts testé en Loir-et-Cher

Un dispositif inédit de détection des feux de forêts testé en Loir-et-Cher

Un réseau de 14 caméras intelligentes surveille désormais le plus vaste massif forestier de France après les Landes. Une première en région Centre-Val de Loire qui mobilise 1,5 million d’euros et trois départements.

Face à l’intensification du risque d’incendie liée au changement climatique, la Sologne franchit un cap technologique majeur. Le massif forestier de 500 000 hectares, qui s’étend sur le Loir-et-Cher, le Loiret et le Cher, bénéficie désormais d’un système de surveillance automatisé inédit capable de détecter les départs de feu en moins de cinq minutes.

Une réponse technologique à un défi environnemental croissant

L’incendie de Souesmes en 2020, qui avait détruit 40 hectares et mobilisé 570 sapeurs-pompiers de cinq départements, avait révélé les limites de la surveillance traditionnelle. “C’était une première dans le Loir-et-Cher d’avoir recours aux avions Dash”, rappelle le communiqué, soulignant l’ampleur exceptionnelle de cet épisode qui a déclenché une prise de conscience collective.

Le nouveau dispositif repose sur 14 points hauts stratégiques, principalement des châteaux d’eau, équipés de caméras dotées d’intelligence artificielle. Ces “sentinelles numériques” scrutent en permanence la canopée et détectent automatiquement l’apparition de fumées dès qu’elles atteignent 3 mètres de hauteur.

Une géolocalisation précise grâce à la triangulation

La force du système réside dans sa capacité de géolocalisation. Lorsque deux caméras détectent simultanément un panache de fumée, une triangulation permet de localiser précisément le foyer. En cas de détection par une seule caméra, un algorithme estime néanmoins la position probable du sinistre.

L’alerte est ensuite transmise automatiquement au centre de traitement de l’alerte (CTA) concerné, offrant aux secours un avantage décisif : l’intervention précoce qui peut éviter la propagation d’un incendie naissant.

Un modèle de coopération interdépartementale

Ce projet exemplaire illustre parfaitement les bénéfices de la mutualisation territoriale. Piloté par le Préfet de Loir-et-Cher Xavier Pelletier depuis début 2024, il associe les trois préfectures, conseils départementaux et services d’incendie et de secours (SDIS) concernés.

Le groupement de commande, mené par le SDIS 41, a confié la réalisation à SCC France, spécialisée dans l’intégration numérique, en partenariat avec Midgard pour les solutions d’intelligence artificielle. Une collaboration qui témoigne de la montée en puissance de la “tech for good” dans les services publics.

Un financement innovant à 80% public

Le montage financier de 1,5 million d’euros hors taxes s’appuie sur les nouveaux dispositifs d’aide nationaux. Le Pacte capacitaire, créé après l’été meurtrier de 2022, apporte 1 041 667 euros TTC, tandis que le Fonds Vert complète le financement pour couvrir 80% du coût total. Les 20% restants sont assumés par les collectivités locales et les SDIS.

Un enjeu patrimonial et écologique majeur

Au-delà de la protection des populations, ce dispositif sauvegarde un patrimoine naturel exceptionnel. Site terrestre français le plus étendu au titre de la directive “Habitats”, la Sologne abrite 23 habitats et 32 espèces d’intérêt européen dans le réseau Natura 2000.

Constituée à 92% de forêts privées souvent morcelées et difficiles d’accès, elle concentre tous les facteurs de risque : expansion des résineux, sécheresses répétées, hausse de la fréquentation touristique. Dans ce contexte, l’innovation technologique devient un outil indispensable de préservation environnementale.

La phase de test grandeur nature, prévue dès le mois prochain, marquera l’entrée opérationnelle de ce système qui pourrait bien inspirer d’autres massifs forestiers français confrontés aux mêmes défis climatiques.